On se pose des questions dans le monde des journaux en ligne cette semaine…
Rupert Murdoch, magnat australien possédant l’empire médiatique News Corp regroupant entre autres le Wall Street Journal, The Time (UK) ou la Fox et accessoirement très proche des néo-conservateurs, veut la fin des journaux gratuits sur le net.
La semaine dernière, l’homme d’affaire a pris la décision de changer le modèle économique des versions électroniques de ses journaux à un modèle payant.
Et il n’est pas le seul, quelques jours plus tard, le journal français Le Figaro a dévoilé lui aussi sa stratégie de rendre payante une partie de son site. Mais ils « rassurent » à travers un blog de l’une de leurs journalistes, l’information, elle, restera gratuite.
« L’information restera gratuite ».
L’information ne peut pas devenir payante sur le net. A moins de vouloir faire un suicide économique, il est absolument (et logiquement) impossible de faire payer l’internaute une information qu’il sait déjà parce que la presse électronique gratuite et autres exposent déjà.
Imaginez un journal en ligne qui fait payer l’information « Qui a été élu président des US » novembre dernier.
Donc merci de nous rassurer mais de toute façon vous n’aviez pas le choix.
Ce que vont faire la plupart de ces repentis qui sont tombés dans le péché du gratuit sur le net, c’est ouvrir un espace membre, une sorte de club VIP où on chouchoute l’abonné avec des infomations plus approfondis et quelques services ou certaines catégories de l’information rendus payants.
Le modèle n’est pas nouveau. Des sites de journaux ou magazines papier ont déjà choisi ce modèle : retranscrire rapidement ce que tout le monde sait et rebondir sur l’information pour proposer à l’internaute une analyse plus détaillée. Ils proposent aussi des articles ou des enquêtes qui ne sont pas forcément dans le mainstream de l’information 24/24 mais plutôt dans la tradition du journalisme d’investigation qui ne prend pas forcément en compte les sujets de l’air du temps. Je citerai par exemple jeuneafrique.com (semi-payant selon les articles), mediapart.fr ou arretsurimages.net.
Mais le journalisme poussé n’est pas seulement proposé par des sites payants ou semi-payants, il en existe qui proposent la même chose mais financée par le fameux modèle publicitaire. Leurs détraqueurs pourraient évoquer une qualité un peu moindre (mais cela reste subjectif) mais surtout le risque de perte d’indépendance vis à vis des annonceurs.
Il faut savoir que l’an dernier, en France, seul le Monde a su rentabiliser son édition en ligne. Généralement, les quotidiens ont du mal avec le net et sa gratuité. Plusieurs propositions fusent de partout pour améliorer la situation du secteur dont l’une d’elles l’assez étonnante « licence globale » proposée par le patron de Libération (Fr).
Le secteur est justement dans une tourmente face à la concurrence du net (qui souvent agace, comme l’épisode de la guerre entre les quotidiens belges et Google News) et aussi l’émergence des journaux gratuits dans certains pays.
Pour finir, une chose est claire. L’acte d’acheter son journal est différent de l’acte de payer pour lire une édition en ligne. Le deuxième n’est pas le prolongement du premier dans la toile : le lecteur payait son journal pour s’informer, l’internaute payera pour approfondir l’information. Deux cibles différentes donc deux services différents.